Éditions Vérone
Modéré
numérique
nombre de mots
note moyenne
chronique
Le récit est centré exclusivement sur l’autrice elle-même. Certes elle parle de sa famille, de sa soeur jumelle, mais on est exclusivement sur une auto-analyse. Une forme de narration introspective où l’on suit ses pensées, ses blessures, ses prises de conscience. Le « personnage » principal est donc son esprit, en perpétuelle tension.
L’ambiance du livre est dense, introspective, parfois lourde. On est plongé dans un univers mental où l’hypersensibilité, l’hyperémotivité et l’hyperlucidité transforment le quotidien en gouffre émotionnel et en avalanche sensorielle. L’atmosphère est marquée par une grande intensité émotionnelle, sans répit, en tant que lecteur on ressent cette oppression ce qui rend la lecture lourde mais riche.
Le style est personnel, introspectif et thérapeutique. Constance Alibert écrit avec une grande sincérité, sans chercher à séduire ou à enjoliver. Elle met des mots sur des maux souvent invisibles, avec une plume fluide mais chargée d’émotion. Certaines phrases sont presque poétiques, d’autres plus analytiques, comme si elle alternait entre le cœur et la tête. L’écriture est à la fois brute et travaillée, ce qui renforce l’authenticité du témoignage.
Il n’y a pas d’intrigue linéaire, mais plutôt un cheminement intérieur. Le livre suit le parcours de l’autrice dans sa tentative de se comprendre et d’apprivoiser son anxiété, ses troubles comportementaux, et son fonctionnement mental atypique. On assiste à une déconstruction de croyances héritées, à une quête de sens, et à une lente reconstruction de soi. C’est une progression plus psychologique que narrative.
L’immersion est forte, parfois trop. On entre dans un univers mental très chargé, sans filtre, sans pause. Les illustrations qui parsèment le livre renforcent cette immersion: elles traduisent visuellement l’état d’esprit de l’autrice. Ces images ajoutent une dimension sensorielle au texte.
Le livre est cohérent dans sa démarche: il suit une logique intérieure, celle du cheminement personnel de l’autrice. Même si la structure peut sembler décousue par moments, elle reflète la nature même de l’esprit anxieux qu’elle décrit. Il ne s’agit pas d’un récit linéaire, mais d’un mouvement en spirale, fait de retours, de doutes, de prises de conscience progressives.
Le plaisir de lecture dépendra beaucoup de la sensibilité du lecteur. Si l’on cherche un texte fluide, léger ou distrayant, ce n’est clairement pas le bon choix. Mais si l’on est prêt à plonger dans un témoignage sincère, profond et exigeant, alors Batailles silencieuses peut être une lecture marquante. Personnellement, j’en ressors touchée… et un peu épuisée ! Je l’ai lu d’une traite, sans pouvoir le lâcher. C’est un texte fort, qui mérite qu’on prenne le temps de le digérer.
Note finale