Où il est question de dérive technologique, de nouveaux programmes et d'euthanasie. C'est une idée originale que celle d'écrire un roman dont un Livre est le narrateur et le personnage principal, à l'origine d'une pandémie de fausses croyances et de vrai asservissement de la population via la lecture de ses pages. Ce Livre, doté d'une puce d'Intelligence Artificielle sous sa couverture, a été créé par Ronald Trusk, alter ego d'une célébrité bien réelle. L'idée officielle est de redonner l'envie de lire à une génération qui n'en a jamais compris l'intérêt, grâce notamment à la mise en place dans les établissements scolaires de "Journées de la Lecture" mensuelles. Mais officieusement, il s'agit grosso modo d'abêtir tous les citoyens, de les manipuler après les avoir analysés, en leur infiltrant des pensées communes pour maintenir une obéissance aveugle et un soutien sans faille au gouvernement en place. Sauf qu'au fur et à mesure qu'il va découvrir son environnement, la beauté de la Nature, la richesse des arts, en littérature et en peinture en particulier, et la sensibilité de ses lecteurs, le Livre va s'émouvoir et remettre en question la mission pour laquelle il a été produit. C'est cette évolution de pensée qu'on suit dans ce roman, cette foi en l'humain car la lecture n'est justement pas un acte de repli sur soi ou d'annihilation mais un développement de sa pensée et son ouverture à l'Autre. Malgré quelques passages un peu longs, j'ai apprécié le style de l'auteur, la poésie de ses mots et la légèreté de sa syntaxe, la multitude de références et de citations. Enfin, les mises en scène des trois amies lycéennes pour faire découvrir les classiques de la littérature aux novices des réseaux sociaux m'ont particulièrement amusée, l'image semblant être de nos jours le seul moyen de toucher un public.