L’auteur propose des personnages marquants, à commencer par Kai, mutique, solitaire, ravagé intérieurement. Il ne parle presque pas, mais sa présence est bouleversante. Les autres membres de l’unité apportent des touches de tension, d’humanité ou de froideur stratégique, bien que certains restent plus en surface. Mention spéciale à Malek, dont la fin reste marquante.

L’ambiance est oppressante, métallique, chaotique. On ressent chaque explosion, chaque vibration du sol, chaque silence pesant entre deux frappes. L’univers est parfaitement crédible et cohérent, entre guerre totale et fin du monde annoncée. Le ton est grave, presque clinique… mais c’est ce qui fait sa force.

La plume est précise, très descriptive, parfois technique à l’extrême. Cela peut ralentir un peu la lecture, mais c’est aussi ce qui rend l’univers si réaliste. Certaines tournures sont magnifiques, notamment quand il s’agit de transmettre le vide émotionnel ou la douleur muette des personnages.

L’intrigue avance avec un rythme lent mais maîtrisé. Il ne faut pas s’attendre à des rebondissements spectaculaires, mais plutôt à une montée progressive vers le chaos, ponctuée de moments de tension brute. L’essentiel est dans le vécu des soldats, plus que dans l’action pure.

On est totalement plongé dans cet univers : fiches techniques, schémas, dialogues radio, illustrations… tout renforce l’illusion d’un vrai monde en guerre. Le lecteur est happé dans les ruines, les zones de conflit, et la violence sourde du quotidien militaire.

Rien ne dépasse. L’univers est parfaitement structuré, les technologies sont crédibles, les choix stratégiques, politiques ou humains sont logiques et bien intégrés. C’est un monde dur, sans faille narrative, pensé dans les moindres

Ce n’est pas une lecture “plaisir” au sens classique. C’est une lecture intense, exigeante, troublante, parfois dérangeante. Mais si on accepte de plonger dans la douleur d’un monde en ruine, alors c’est une expérience forte, marquante, et inoubliable.