Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement l’autrice qui m’a permis de découvrir ce deuxième tome. J’étais curieuse de savoir ce qu’elle allait devenir, après l’avoir quittée sur un quai de gare à la fin du premier volume. Ce nouveau chapitre de son histoire m’a profondément touchée, et je referme ce livre en espérant vivement un troisième tome, tant je me suis attachée à son parcours et à sa voix singulière. L’écriture reste fidèle à ce que j’avais apprécié dans le premier tome : fluide, vivante, empreinte de ce parler camerounais si particulier qui donne une belle authenticité au récit. Les expressions locales sont toujours expliquées en bas de page, ce qui est non seulement utile, mais rend aussi la lecture plus immersive. On voyage avec elle, dans ses mots, dans son univers, dans sa langue. Ce tome est cependant bien plus dur émotionnellement. Les violences conjugales et les violences faites aux femmes abordées ici sont bouleversantes. Ce sont des thématiques que j’ai l’habitude de tenir à distance, tant elles me heurtent. J’ai donc lu certains passages avec difficulté, parfois même avec colère, parce que le verbe qui traverse ce récit est bel et bien subir. Et cela m’a remuée. Je me suis aussi interrogée, avec une forme d’incompréhension sincère, sur le choix de Josie de quitter le Cameroun. Elle y apparaît comme une femme forte, débrouillarde, entreprenante — une véritable business woman. Elle sait se débrouiller seule, elle crée, elle vend, elle communique en ligne… Et tout cela aurait pu, me semble-t-il, continuer à exister depuis son pays d’origine, ou du moins en collaboration avec un relais à l’étranger. Pourquoi alors s’exposer à tant de précarité, d’humiliations, de douleurs ? Ce questionnement ne retire rien à la légitimité de son expérience, mais il reste en moi comme une tension, un point que j’aimerais mieux comprendre. Enfin, en tant que non-croyante, j’ai parfois été déstabilisée par la dimension spirituelle du récit. Le fait de confier son destin à Dieu, de prier en attendant que les choses se décantent, m’échappe un peu. Cela dit, je respecte profondément cette foi, car elle semble être une ressource essentielle pour elle, une manière de tenir debout malgré tout. Ce deuxième tome est un témoignage puissant. Il ne laisse pas indifférent. Il bouscule, questionne, touche. Et surtout, il donne voix à celles qu’on n’écoute pas assez. Merci à l’autrice pour sa sincérité et son courage. J’attends la suite avec impatience.