Isaac, tu étais ce voyageur que le train venait de laisser parmi nous. Tu gravissais à pied la côte du sommet de nos vies. Tu n'avais pas cet âge qui te rend aujourd'hui arrogant à la vie, tu n'avais pas ce visage crispé, démangé par les jours, car les jours, tu les détestes. Tu n'étais pas grand, ni petit, et il t'importait peu de savoir si tu étais beau ou laid, car tu vivais vraiment la vie, tu ne la subissais pas comme aujourd'hui. Ta physionomie plaisait car elle était droite, franche, de bonne humeur et de vraie jeunesse. Sur ton front, on devinait l'intelligence ; dans tes yeux vifs et doux, la tendresse et la volonté de répondre présent à la vie, oui tu n'hésitais pas. Tu étais le héros des romans que tu prenais plaisir à lire, tu étais le souffle de l'innocence, il allait et venait dans tes veines, il te transportait des rêves en rêves.