Un roman que j’ai refermé avec un goût étrange sur les lèvres… celui d’une clope éteinte dans un couloir d’HP, d’un air de Gainsbourg qui tourne en boucle dans une tête un peu fêlée. Dans Chambre 69, Judith, infirmière solide au regard clair, croise la route de Sergio, écrivain interné, borderline, fascinant, rongé par la culpabilité et hanté par ses nuits d’écriture. Et là, tout bascule. Ce n’est pas qu’un huis clos psychiatrique, c’est une plongée en apnée dans un esprit fracturé. C’est moite, obsessionnel, troublant. Et puis cette ambiance... on la ressent presque physiquement. Les murs blancs, la musique en fond, les mots comme des lames de rasoir. La première partie m’a happée : fluide, captivante, limite hypnotique. Puis l’auteur ose la bascule. La deuxième partie, sous forme de pièce de théâtre –La partie du Diable– m’a un peu déstabilisée. On sort du cadre, on lâche prise ou on décroche, selon la sensibilité. J’ai choisi de me laisser porter, même si j’avoue avoir eu du mal à rester aussi investie. Mais ce qui reste, c’est cette voix. Celle de Sergio. Celle d’un homme qui écrit comme on se vide de son poison. Celle d’un auteur qui joue avec la forme, les codes, les nerfs. Et ça, j’aime. Bref, c’est un roman qui divise, qui dérange, mais qui ne laisse pas indifférent. Et moi, j’aime quand la littérature me secoue un peu. Pas vous ?