Le prix d’une renaissance interdite
Changeurs – Tome 1, de J. M. Van Booger, est un roman qui surprend par sa capacité à transformer une situation simple en un véritable basculement psychologique. Dès les premières pages, j’ai senti que ce livre allait m’emmener ailleurs, dans un espace où le quotidien et l’étrange se mêlent sans prévenir.
Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est la manière dont l’auteur installe son histoire. Il ne cherche pas à nous choquer rapidement. Au contraire, tout commence doucement : un couple, une grossesse, une routine tendre et crédible. Puis, petit à petit, les détails s’assombrissent. Quelque chose se glisse entre les lignes. Et quand on comprend ce qui est réellement en train de se jouer, il est déjà trop tard : on est happé.
Lucie, la “changeuse”, est sans doute le personnage le plus marquant. Elle dérange, fascine, trouble. Son pouvoir — prendre possession des corps pour survivre — est terrifiant, mais il est aussi présenté avec une profondeur qui pousse à réfléchir. Derrière l’horreur, il y a de la solitude, du manque, une recherche désespérée d’un amour perdu depuis des siècles. C’est ce mélange entre peur et empathie qui rend l’histoire si singulière.
Sur le plan narratif, c’est un roman efficace, bien rythmé, avec une montée en tension maîtrisée. On passe de la douceur à l’inquiétude, puis à la menace, presque sans s’en rendre compte. L’auteur sait jouer avec les émotions, et c’est ce qui, selon moi, fait la force de ce premier tome.
En refermant ce livre, j’ai eu cette impression étrange que l’histoire n’était pas complètement terminée, qu’elle continuait de vibrer quelque part en arrière-plan. C’est exactement ce que j’attends d’un bon roman : qu’il laisse une empreinte.
Changeurs est un premier tome sombre, intelligent et étonnamment touchant. Une très belle découverte qui donne vraiment envie de lire la suite.
⭐ Les notes en détail
Sombre, intime, oppressante — l’un des grands points forts du livre.
Une écriture fluide, maîtrisée, qui installe une tension progressive sans en faire trop.
On glisse dans l’histoire sans s’en rendre compte, pris entre douceur et malaise.
Publié le 27 novembre 2025