Il y a des lectures qui laissent une trace, pas parce qu’elles enjolivent la réalité, mais parce qu’elles la racontent avec une honnêteté désarmante. “Sur le chemin de l’illégalité” de Josie K. est de celles-là. Ce n’est pas un roman, c’est un cri. Un témoignage. Un journal de bord d’une femme qui a tout quitté – ses repères, ses efforts, ses rêves – pour tenter autre chose. Pas forcément mieux, mais peut-être plus viable. Dès les premières lignes, j’ai été happé·e par la plume de l’autrice : directe, vibrante, viscérale. Pas d’effets de style superflus, juste les mots du cœur et de la survie. Ce livre, c’est la traversée d’une migrante camerounaise vers la Belgique, une quête d’espoir à travers les galères, les humiliations, la débrouille, mais aussi la fraternité, la foi, la rage de s’en sortir. Un mélange de colère, de tendresse, de honte parfois aussi – honte pour ces systèmes qui écrasent, ces regards glacés dans une gare belge, ces portes qu’on referme au nez des invisibles. Et pourtant, jamais Josie ne s’apitoie. Elle observe, elle raconte, elle prie… et elle continue. Page après page, elle nous montre ce qu’on ne voit jamais dans les statistiques ou les discours : l’intérieur d’un kot d’étudiant insalubre, la peur viscérale de la police, les jobs au noir qui tombent à l’eau, les frères et sœurs qui tentent de survivre dans la dignité. Ce que j’ai admiré par-dessus tout, c’est sa foi inébranlable, sa manière de parler à Dieu comme à un ami, dans les pires moments. Et cette persévérance, cette énergie de construire quelque chose, même quand tout s’écroule. Son parcours professionnel – nutritionniste, entrepreneuse, femme de médias – montre qu’on peut avoir toutes les compétences, toute la motivation du monde… et pourtant se heurter à des murs. Cela m’a bouleversé·e. À toutes celles et ceux qui veulent comprendre ce que signifie l’exil, non pas comme un choix mais comme un acte de survie. À ceux qui jugent sans connaître. Et surtout à celles et ceux qui ont besoin de courage. Parce que Josie K. ne nous offre pas un happy end facile : elle nous donne bien plus que ça. Une vérité. Une leçon d’humanité.