Rita a disparu. Comme à son habitude, elle ne fait rien à moitié : derrière elle, c’est un beau chaos qui s’étend, un héritage qu’elle laisse à ceux qui la cherchent. Depuis plusieurs mois, Nils poursuit sa trace, accroché à l’espoir ténu de la retrouver vivante. Lorsqu’un étrange indice vient relancer sa quête, il se méfie immédiatement : une piste trop simple, trop évidente pour ne pas cacher quelque chose. Pourtant, comment tourner le dos à l’idée que Rita pourrait encore être en vie ? C’est ainsi que débute une nouvelle mission, plus folle encore que la précédente, qui les conduit jusqu’aux confins de Pegasis, dans l’hémisphère sud. Là-bas, les attend Paradisiota : un lieu aux allures de rêve éveillé, bord de mer, sable chaud, palmiers et ciel bleu à perte de vue. Un havre de paix où la liberté et le bonheur sont promis à toutes les espèces, sans distinction. Bref, l’endroit parfait pour « se mettre au vert ». Mais bien sûr, le paradis est rarement offert gratuitement, et derrière ces promesses idylliques se cache forcément une vérité beaucoup plus sombre. J’ai adoré retrouver Nils, Rita et leurs compères , toujours aussi barrés, cyniques et attachants. Le langage cru, l’attitude brutale, les piques qui fusent : tout cela colle parfaitement à leur personnalité et à l’univers violent dans lequel ils évoluent. Ce sont des personnages qui, derrière une façade dure et brute, révèlent une réelle complexité, une profondeur qui les rend touchants. À côté d’eux, on découvre aussi de nouvelles figures, tout aussi singulières et attachantes, qui enrichissent l’équipe et apportent un souffle de fraîcheur à l’histoire. Ce tome reprend la recette du premier, mais en la poussant encore plus loin : une intrigue rythmée, des rebondissements à foison, une bonne dose d’humour noir, une pointe de vulgarité bien dosée et des scènes complètement « what the f**k » qui font sourire autant qu’elles surprennent. On ne s’ennuie jamais, tant les péripéties s’enchaînent avec fluidité. La plume de Sandrine Alibaud est toujours aussi agréable : fluide, nerveuse, efficace. Ses descriptions rendent l’univers parfaitement vivant, qu’il s’agisse de paysages paradisiaques ou de scènes sombres et oppressantes. Elle sait trouver le juste équilibre entre action haletante et instants plus posés, qui permettent de savourer l’atmosphère unique de Sylned. Cet univers cyberpunk, sombre, corrosif et foisonnant, prouve une nouvelle fois à quel point ce sous-genre de la SF peut être percutant et immersif. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est la noirceur assumée du récit. Rien n’est édulcoré : la violence, la cruauté du monde, le cynisme des personnages, tout participe à une ambiance singulière qui tranche avec ce qu’on lit habituellement. Et paradoxalement, c’est précisément cette brutalité qui rend l’ensemble si crédible et accrocheur. Pour moi, Sylned V2.0 : Bienvenue à Paradisiota est une réussite totale et un vrai coup de cœur. C’est un roman qui combine parfaitement humour, action, noirceur et dépaysement. Une lecture prenante qui réussit même l’exploit de nous donner l’impression de prolonger l’été, avec ses décors paradisiaques… mais attention, ici le paradis est bien trop parfait pour être réel, et tout lecteur sait que cela cache forcément un piège. Si vous aimez la SF cyberpunk, les univers barrés, les personnages hauts en couleur et les intrigues qui ne vous laissent pas souffler, alors ce livre est fait pour vous. Sandrine Alibaud confirme avec ce tome 2 qu’elle a créé une pépite du genre.