Il était immobile, comme pétrifié. Devant lui, la porte close de la chambre de ses parents était comme un mur infranchissable. Depuis son retour à la Ferté, Léo ruminait, imaginait, et projetait ce moment. Il avait envisagé plusieurs scénarios et avait répété son discours. Chaque mot était préparé, pesé, mesuré, tout était parfaitement orchestré, mais pourtant, il n’avait pas prévu qu’il aurait aussi peur. Il entendait, derrière la porte, le son du film que regardaient ses parents, sans doute allongés paisiblement dans leur lit. Ils ne se doutaient pas que derrière la porte, leur fils unique, leur propre chair, tremblait et suait comme un lâche, envahi par le doute. Si Léo entrait, sa vie changerait. S’il n’entrait pas, sa vie changerait. Lui qui avait toujours préféré se dérober en privilégiant les silences et les non-dits était cette fois-ci pris au piège, devenant maître de son destin. Il devait trouver le courage d’affronter la situation, il ne devait pas renoncer.