Humour
1ère de couverture de Bites - "Sexes masculins" en français, "Morsures" en anglais
10 oct. 2025

Bites - "Sexes masculins" en français, "Morsures" en anglais

Informations
Marie a trois ans, elle aime ses parents, son petit-frère, ses peluches et la maîtresse qui la félicite puisqu’elle sait compter jusqu’à quatre. Marie n’aime pas tonton, qui rentre dans sa chambre et lui demande des bisous. Là, en bas. Alors Marie prie pour que tous les pénis du monde disparaissent. Tous, ça veut dire quatre. Exaucé. De l’autre côté de l’Atlantique, le président qui manie le mensonge et les tweets absurdes hurle en cachant son entrejambe vide. Il ne pourra pas violer Muneera. Elle pourra toutes les venger. Et mettre le bordel dans un pays abasourdi et inerte. Sur le tournage d’un film, l’acteur adore mettre la langue dans la bouche de sa partenaire. Il reste sans voix quand son phallus disparaît et regrette de toute son âme le monde d’avant. Julien, lui, sombre dans le coma. Sophie va prendre les choses en main. Dans un espace-temps vaporeux, le masculiniste va revisiter ses certitudes, ses influences et son histoire d’amour. Et puis, Marie fera plein d’autres vœux…
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La chronique de gwendoline degrève
Quand la satire sorcière devient acte de réparation
Avec Bites, Karine Degunst propose un texte inclassable, à la frontière du conte, de la fable politique et de la satire sociale. Dès les premières pages, le ton est donné : l’autrice ne cherche ni à rassurer ni à arrondir les angles. Elle choisit l’excès, l’absurde et l’irrévérence comme leviers narratifs. Le point de départ — les vœux d’une fillette de trois ans capables de faire disparaître les attributs masculins — pourrait sembler purement provocateur. Il devient pourtant un dispositif redoutablement efficace pour questionner le pouvoir patriarcal et ses dérives. Ici, la magie agit comme une malédiction révélatrice : privée de son symbole de domination, la masculinité toxique s’effondre, laissant apparaître la peur, le ridicule et le vide. Le roman traverse des thématiques lourdes et sensibles : violences sexuelles, pédocriminalité, harcèlement, masculinisme triomphant. Mais Bites ne s’installe jamais dans le pathos. L’humour — noir, grinçant, parfois cruel — sert de contrepoids et permet une mise à distance salutaire. Rien n’est gratuit : chaque situation, chaque personnage participe à une réflexion plus large sur la honte, la vengeance et la réparation. La galerie de personnages est particulièrement réussie. On y croise des figures de pouvoir caricaturales mais terriblement reconnaissables : un président narcissique terrorisé par la perte de son « attribut », un acteur prédateur soudain désarmé, des hommes habitués à dominer confrontés à leur propre impuissance. Le rire naît souvent du grotesque, mais il laisse une trace amère et lucide. Ce qui fait la force de Bites, c’est cette capacité à transformer la violence en satire vengeresse, presque cathartique, sans jamais nier la gravité des faits évoqués. Le roman ne prétend pas réparer, mais il offre un espace de défoulement symbolique, un renversement des rôles qui interroge nos représentations collectives. Roman ovni, décalé, cocasse et très drôle, Bites est aussi fin, précis et résolument contemporain. Une lecture qui dérange, amuse, libère — et qui ne laisse pas indemne.

⭐ Les notes en détail

Personnages

10/10

Atmosphère

10/10

Style d'écriture

10/10

Intrigue

10/10

Immersion

10/10

Cohérence

10/10

Plaisir

10/10

Note finale

5.00
Publié le 15 décembre 2025

Évaluation de la chronique par l'auteur

✨ Excellent